Angoulême, pas de festival du Bâton Détenu.

17/11/2021

Depuis l’ultra domination du club de la capitale, le suspens est entier pour savoir quel club aura joué le plus souvent avec le bâton de Bourbotte en main. Pour l’instant les nantais sont toujours en tête avec 197 matchs, mais les parisiens ne sont plus qu’à deux unités de revenir à leur hauteur.

Mais dans les abysses du classement se trouve trois équipes avec une seule possession : Amiens SC (2019), Pays d’Aix FC (1967) et Angoulême Charente FC (1972). C’est ce dernier club qui nous intéresse ici, car en plus de l’avoir détenu une seule fois, le club des Charentes maritimes a la particularité de l’avoir détenu moins de 90 mins.

Histoire d’une prise éphémère.

Rapide historique

L’AS Angoulême a vu le jour il y a plus de cent ans, en 1920 et a connu une histoire importante avec le statut amateur dans les championnats régionaux en remportant plusieurs titres avant les années 40.

Leur fief est le stade Camille Lebon (6500 places), anciennement stade Guillon. Il a succédé à la prairie de Bourgine pour la simple raison que ce terrain était souvent inondé.

Angoulême a eu son heure de gloire entre la fin des années 60 et le début des années 70.

Di Nallo : « Pile on gagne, face vous perdez » – Visuel issu d’oldschoolpanini.com

Leur double participation en demi-finale de coupe de France (1967 & 1968) a été marquée par une élimination contre Lyon au… tirage au sort ! A l’époque, pas de tir au but en cas d’ex-aequo, il fallait rejouer le match. Mais après trois tentatives pour se départager (3/3 – 1/1 et 1/1), c’est à pile ou face que s’est jouée la participation en finale, et Fleury Di Nallo choisit le bon côté de la pièce.

Compétition que Lyon finira par remporter, dans le temps réglementaire cette fois-ci, au dépends de Sochaux.
Match durant lequel le général de Gaulle s’illustre en renvoyant le ballon sur le terrain.

Sans doute l’image la plus iconique de l’histoire de la coupe de France.

Angoulême se remettra de ce double en échec en étant promu à l’issue de la saison 1968/1969. Aidé par leur buteur vedette, Gérard Grizzettiauteur de 55 buts en une saison, un record.

Ils terminent second du championnat de Division 2, synonyme de promotion.

 

C’est ainsi que l’histoire avec le bâton commença.

 

Quelques noms connus

En plus des quelques personnes cités dans cet article, découvrez-ici d’autres personnalités qui ont marqué de près ou de loin l’histoire du foot à Angoulême.

  • Camille Lebon : Dirigeant historique, le stade porte son nom
  • Philippe Troussier : Sorcier Blanc ayant joué lors de la saison 1976/1977.
  • Marc-Antoine Fortuné : Formé en Charentes, attaquant globetrotteur.
  • Patrice Lair : Vainqueur de la LDC avec l’OL féminine, deux piges en tant qu’entraineur en 2003 & 2008
  • Jean-Jacques Eydelie : Vainqueur de la LDC avec l’OM et entraineur pendant la saison 2009/2010
  • Steve Savidan : A kiffé sa vie contre l’Uruguay, 37 matchs et 12 buts en bleu & blanc.

 

La Division 1 pendant 3 saisons.

Lors de leur première saison en division 1, en 1969/1970, Angoulême aura leur première opportunité de s’emparer du bâton, mais ils n’arriveront pas à déloger le trophée de la Cannebière, score final 1/1.

L’apprentissage avec le haut niveau français n’aura pas été compliqué car au terme de la saison, ils terminent 4ème du championnat, synonyme de participation à la coupe des villes de foire.

 

Un début dans l’élite idéal.

 

A l’issue de la saison 1969/1970 :

Podium : 1er Saint-Etienne / 2ème Marseille / 3ème Sedan

Relégués : 16ème Ajaccio / 17ème Bastia / 18ème Valenciennes…


Mais ces trois clubs joueront toujours en Division 1 la saison suivante !

Accrochez-vous, voici l’histoire dans l’histoire :

  • Dernier de D1 Valenciennes est rétrogradé.
  • Champion de D2, Nice est promu.
  • Des barrages sont organisés entre Ajaccio / Bastia / Nancy et l’Olympique Avignonnais. Bastia et Nancy gagnent leur place en D1
  • Le championnat passant de 18 à 20 clubs, finalement Ajaccio reste et Avignon accède à la D1
  • En fait non, Avignon, pas viable financièrement, laisse sa place en D1 au 4ème de D2, Reims.
  • Pour finir, Rouen, 12ème de D1, abandonne le statut pro et est rétrogradé. C’est Valenciennes, pourtant dernier de l’exercice précédent, qui reste en D1

Meilleur buteur : Hervé Revelli 28 buts

 

La deuxième saison sera un retour rapide sur terre. Frantz Edom, une légende du club s’en va pour l’Avenir Club Avignonnais alors en D2.

Côté coupe des villes de foire, pas le temps de prendre le melon que le club charentais est éliminé dès le premier tour contre le Vitória Guimarães malgré une victoire 3/1 au retour (0/3 à l’aller).

Lors de la dernière journée du championnat, Angoulême accueille le détenteur du bâton, Nîmes. Les Crocos repartent avec les 3 points et une victoire 2/0.

En plus de la défaite, les charentais terminent le championnat à la 16ème place au classement, à un point de la relégation.

 

A l’issue de la saison 1970/1971 :
Podium : 1er Marseille / 2ème Saint-Etienne / 3ème Nantes
Relégués : 18ème Strasbourg / 19ème Valenciennes / 20ème Sedan
Meilleur buteur : Josip Skoblar 44 buts, record en première division sur une saison

 

C’est lors de la troisième saison dans l’élite que l’équipe rencontre le bâton de Bourbotte à plusieurs reprises.

Ils échoueront à trois occasions, en un mois à le ravir des mains de leur adversaires :

  • J03 – 25/08/1971 : Défaite 3/0 encore contre les nîmois, qui avaient conservé le bâton depuis leur rencontre de la saison précédente.
  • J04 – Nîmes le perd à Nantes (0/2)
  • J05 – Nantes pulvérise Paris (6/0)
  • J06 – 11/09/1971 : Défaite 2/5 contre Nantes. Ce qui restera le seul match entre le club ayant détenu le plus le bâton et celui l’ayant obtenu le moins.
  • J07 – Nantes le perds contre Reims (0/2)
  • J08 – 22/09/1971 : Défaite 3/1 à Reims

 

 

Le 3 mai 1972, une nouvelle occasion de poser ses mains sur le bâton se présente.

Cette fois c’est le Sco d’Angers, auréolé d’une série de 3 victoires comptant pour le trophée virtuel, qui se présente sur la pelouse du stade Camille Lebon.

 

La prise.

Guy Lassalette

Déjà dernier du championnat au soir de la 33ème journée avec seulement 7 victoires, les bleus et blancs avaient fort à faire contre une équipe d’Angers qui caracolait au pied du podium. Les joueurs du Maine-et-Loire avaient repris le bâton contre Bastia (2/0), l’avaient conservé contre St-Etienne (1/0) puis lors du derby de la Loire contre Nantes (2/1).

Devant 2350 supporters, les joueurs d’Angelo Grizzetti (le père de Gérard, meilleur buteur sur une saison en Division 2) s’imposent sur la plus petite des marques.

Le héros du jour sera Guy Lassalette, il inscrit le but de la victoire à la 16 ème minute. Un attaquant certes, mais c’était aussi le vice-président de l’UNFP depuis 1969. En plus de ses fonctions, il fut un des pionniers du syndicalisme des footballeurs professionnels.
Il profitera de ce match pour faire une “Sergueï Semak” et signera la saison suivante avec Angers.

 

Enfin, après 6 tentatives, le bâton était Angoumoisin !

 

Il s’est passé quoi d’autres le Mercredi 3 Mai 1972 ?

  • Georges Pompidou était le président de la République
  • La première journée sur Terre de Dwayne “The Rock” Johnson, né le 2 mai.
  • La première journée sur Terre sans John Edgar Hoover, directeur du FBI, décédé la veille.
  • “Après-toi”, la chanson gagnante de l’Eurovision pour le Luxembourg par la chanteuse germano-grecque “Vicky Leandros” truste le hit parade français. #kamoulox
  • Cela fait un mois que les squatteurs du pavillon de Ricka Zaraï ont été expulsés.

Non vraiment, venez nous dire qu’il y a plus important que le bâton de Bourbotte !

 

La perte.

Malheureusement, la 8ème victoire de la saison est la dernière du club. Que ça soit pour la saison 1971/1972, mais aussi pour le club en Division 1!

Dès le match suivant contre les girondins de Bordeaux d’Alain Giresse, les joueurs d’Angoulême devront céder leur précieux. Un score sans appel de 2/0 scellera la défaite avec des buts de Edouard Wojciak à la 6ème minute et de Jean Gallice à la 86ème.

 

Virtuellement, entre le match d’Angers et de Bordeaux, Angoulême aura détenu le bâton 80 minutes. Soit moins que le temps effectif d’une rencontre…

 

S’en était fini du bâton de Bourbotte pour Angoulême.

A l’issue de la saison 1971/1972 :
Podium : 1er Marseille / 2ème Nîmes / 3ème Sochaux
Relégués : 18ème Lille / 19ème Monaco / 20ème Angoulême
Meilleur buteur : Josip Skoblar 30 buts

La suite.

Au terme de la saison, Angoulême termine dernier du championnat et ils quittent la division 1 sans jamais y retourner.

L’âge d’or du club était terminé.

 

L’équipe a évolué pendant une bonne dizaine d’années en Division 2 avant de goûter à nouveau à la relégation en 1984. La Division 3 devient le championnat de National, mais encore une fois, c’est à l’étage inférieur qu’ils joueront en 1999.

Les années 2000 ont bien commencé avec un titre de champion de CFA mais ont depuis été chaotiques. Le désormais “Angoulême Charente FC” subit une double relégation en 2003 & 2004 avec en prime un passage en division d’honneur.

Aujourd’hui, le sport à Angoulême c’est plus le handball féminin (Angoulême Charente handball) ou le rugby masculin (Soyaux Angoulême XV Charente) que le foot.

L’ACFC est encore loin de rejouer pour un match comptant pour le bâton, mais gardons espoir, le club a quitté la division d’honneur et est actuellement leader en National 2.

Les angevins resteront la seule équipe à avoir perdu contre Angoulême lors d’un match comptant pour le bâton.